Autisme et schizophrénie : similitudes et divergences à l’imagerie (Dr A Cohen, Journal International de Médecine)
Afin de préciser cette question, les auteurs ont examiné au moyen d’un scanner IRM 3 Tesla (3T-MRI) à « conception multimodale » 79 adultes de sexe masculin : 23 avec autisme de haut niveau, 24 avec schizophrénie et 32 sujets-témoins ayant tous un Quotient Intellectuel non verbal similaire. Ils ont comparé les imageries cérébrales, obtenues à la fois avec la tractographie du cerveau entier (imagerie par résonance magnétique du tenseur de diffusion permettant d’observer la connectivité cérébrale in vivo de manière non invasive) et avec la morphométrie voxel à voxel (T1 voxel-based morphometry), une technique automatisée pour évaluer les changements structurels dans le cerveau. Chez les autistes de haut niveau et chez les schizophrènes, les auteurs observent des anomalies comparables de la substance blanche dans la région fronto-occipitale inférieure gauche, avec une diminution de la fraction d’anisotropie généralisée par rapport aux témoins.
Mais si ces deux catégories de patients présentent ainsi des altérations similaires de la substance blanche (susceptibles de sous-tendre les « déficits des connexions à longue portée impliquées dans les fonctions sociales »), il existe en revanche des différences dans les anomalies concernant la matière grise. Cette substance grise se révèle en effet augmentée, à droite comme à gauche, dans les régions préfrontales et du cortex cingulaire antérieur chez les sujets avec autisme de haut niveau, et cela contraste avec les réductions observées dans les régions préfrontales et temporales gauches chez les patients schizophrènes.
Ces résultats sont « cohérents avec la théorie de l’hypoconnectivité fronto-occipitale dans l’autisme de haut niveau et celle de la connectivité altérée dans la schizophrénie : autistes de haut niveau et schizophrènes partagent ainsi des anomalies communes de la substance blanche, mais opposées de la substance grise dans les régions frontales impliquées dans les fonctions cognitives complexes.
Dr Alain Cohen