Trop de prescriptions d’antipsychotiques systématiques chez les enfants et les adolescents (Dr Alain Cohen, Journal International de Médecine)
Par exemple, bien que les autorisations de mises sur le marché de six nouveaux antipsychotiques de seconde génération ciblent officiellement les jeunes “avec psychose, maladie bipolaire, syndrome de Tourette ou troubles du spectre autistique”, les produits concernés sont délivrés “surtout” à des jeunes sans psychose avérée, mais avec des troubles du comportement : agressivité, troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité, troubles de comportement perturbateur (disruptive behavior disorders). D’autre part, le recours systématique à ces médicaments s’opère parfois sans avoir épuisé toutes les ressources des interventions éducatives et psychothérapeutiques, méthodes souvent suffisantes par elles-mêmes et permettant d’éviter les effets indésirables des antipsychotiques.
Sur plus de 7 millions de prescriptions de neuroleptiques chez des enfants, adolescents ou jeunes adultes en 2010 (aux États-Unis), on estime que “seulement le tiers” environ émane d’un pédopsychiatre, et que chez les patients concernés par ces ordonnances, “moins d’un sur quatre” a eu un suivi dans un service spécialisé (en psychiatrie ou pédopsychiatrie). Ces données statistiques confirment la tendance à une “prescription à la hâte” de ces médicaments, par des médecins rarement formés dans cette spécialité.
Les antipsychotiques sont souvent prescrits trop longtemps, non contre une psychose, mais contre des troubles du comportement, alors que les interventions de guidance parentale susceptibles de limiter ces troubles par une meilleure approche éducative et psychologique sont volontiers “négligées”. Ces faits indiquent “la nécessité d’améliorer l’accès aux soins spécialisés pour ces jeunes souvent en grande difficulté.”
En définitive, concluent les auteurs, “quand un recours aux neuroleptiques s’avère nécessaire, cette prescription médicamenteuse devrait rester aussi courte que possible, et soigneusement surveillée.”
Dr Alain Cohen